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DE SANNAZAR. 14

Quand tu me feroys compagnie,

M a pannetiere est bien garnye,

E t außi est bien ma bouteille

P leine de bon vin de ma treille,

D ont tant qu’il y en aura goutte,

Q u’on ne verra que ie me boute

A u chemin pour m’en retourner,

D’ eust il & plouvoir & tonner.


Ia se taysoient les deux pasteurs ayãs achevé de chanter, quand nous levez de nox sieges laissasmes la Vranio avec deux compagnõs, et suyvismes nostre bestail, qui bonne piece avoit s’estoit mis au retour soubz la conduicte des chiens fideles. Et nõobstant que les sureaux chargez de feuilles et de fleurs, umbrageassent quasi toute la voye, qui toutesfois estoit assez ample, la lueur de la Lune estoit si claire que nous y veoyions comme en plein iour. Lors en cheminant par le silêce de la nuyt, propoz se meurent du passetemps receu la iournee, et fut grandement estimée la nouvelle facon de commenter de Mõtano : mais beaucoup plus la promptitude et asseurance d’Vranio, qui avoit commencé a chanter n’estant a grand peine esveillé : et ne luy avoit le sommeil rien sceu diminuer de sa louenge meritée. Parquoy chascun rêdoit graces aux cieux de