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L’ARCADIE

chiens de garde, la trasse desquelz se monstroit comme naturelle sus la terre. Aucuns des pasteurs tiroyent les bestes : autres tõdoient les laynes : aucûs sonnoient de Cornemuses : et d’autres s’efforcoyent (cõme il sembloit) d’accorder leurs voix au sõ d’icelles. Mais ce que plus entêtivemêt me pleut a regarder, furêt certaines Nymphes nues, lesquelles estoiet demy cachees derriere une tige de Chastaignier, et ryoiêt d’un moutõ qui s’amusoyt a rõger une brãche de Chesne pêdant devãt ses yeuz, qui luy ostoit la souvenãce de paistre les herbes d’autour de luy. Et ce pêdant survenoyent quatre Satyres cornuz a tout leurs piedz de chievre, qui se couloyêt a travers une touffe de Lêtisques tout doulcemêt pour les surprêdre par derriere : dont les bestes s’appercevans tournoyêt en fuyte par le plus espois de la forest, sãs craindre buyssons ou autres choses qui leur peußêt nuyre. L’une d’êtr’elles plus agile que les autres estoit mõtée sus un Charme : et de la se defêdoit avecques une lõgue brãche qu’elle tenoit en sa main. Ses cõpagnes s’estoiêt de peur gettées en une riviere par ou elles se sauvoiêt en nageãt, dõt les undes estoient si claires, qu’elles ne cachoiêt que peu ou rien de leurs charnures blãches & delicates. Puis se veoyant eschappées du peril, estoiêt assises a l’autre rive travaillées, et presque hors d’alene, essuyãt leurs cheveux

mouillez,