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L’ARCADIE

achever, pour la survenue des troys deesses, dont il luy falut faire le iugement. Et qui n’estoit moins subtil a penser, que delectable a regarder, fut l’appercevance du paintre discret, lequel ayant figuré Iuno et Minerve de tant extreme beaulté qu’il eust esté impoßible de plus, se deffiant de povoir paindre Venus si belle comme le besoing requeroit, la paignit le doz tourné, excusant par telle industrie l’imperfection de son art. Plusieurs autres belles choses (dont maintenãt ne me souvient) estient mises sus ce portail. Mais quand nous feusmes entrez au temple, et pervenuz a l’autel sus lequel reposoit la statue de la saincte Deesse, nous trouvasmes un prestre vestu d’une Aulbe blanche, et couronné de feuilles verdes, comme il estoit requis en tel iour et si solennel sacrifice : lequel en admirable silence nous attendoit pour faire les divines ceremonies. Et plus tost ne nous veit rêgez autour du sacrifice, que de ses propres mains il tua une brebiette blanche, de laquelle il offrit devotemêt les entrailles sus le feu sacré, avec de l’encens masle, de rameaux d’Olivier, de Pin, et de Laurier, ensemble de l’herbe Sabine. Puis agenouillé vers Orient, les bras estenduz, en rependant un vaisseau de laict tiede, ainsi commenca son Oraison :

O venerable et Saincte Deesse, la merveilleuse

puissance