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DE SANNAZAR. 4


dres de la pastorale Arcadie, se treuve une belle plaine de bien petite estendue, pourautant que la situation du lieu n’en seroit autrement capable : mais elle est si bien garnie d’herbe verde, que si les troupeaux des bestes n’en paissoyêt, lon pourroit en toutes saisons y trouver de la verdure. En ce lieu (si ie ne m’abuze) peult avoir une douzaine d’arbres de tant rare & exquise beaute, que qui s’amuseroit a les contempler, pourroit dire, nature la parfaicte ouvriere, avoir prins grand plaisir, & s’estre songneusement estudiée a les former : car estans aucunement distans les uns des autres, & disposez d’un ordre sans artifice, ils enrichissent grandement sa nayve beauté. Tout premier lon y treuve le Sapin hault, droict et sans neudz, formé pour endurer les tourmentes de la mer. Apres y est le Chesne robuste a brãches plus lõgues et feuillues. Puis on y veoit le ioly Fresne, et le Plane delicieux dont les umbrages n’occupent peu de place emmy ce beau pré. D’advantage y est (a rameaux plus courtz) l’arbre duquel Hercules se souloit courõner, en la tige duquel furent trãsformees les dolentes filles de Clymene. A l’un des costez sont, le nouailleux Chastaigner, le Buys feuillu, et le hault Pin a dur fruict, et poignãt feuillage. De l’autre part, le Hestre umbrageuz le Tilleul incorruptible, & le fragile Tamarin, a-


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