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Page:Santos-Dumont - Dans L'Air, 1904.djvu/22

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DANS L’AIR

pas quelque jour un bateau pour naviguer dans le ciel ?

Le planteur, homme de bon sens, jeta un regard d’appréhension au gamin, dont le visage devint pourpre.

— Seriez-vous trop allé au soleil, Luis ? interrogea-t-il.

— Oh ! fit Pedro, le rassurant, il ne parle jamais qu’à la légère. C’est son plaisir.

— Non, mon garçon, dit le planteur, l’homme ne dirigera jamais un navire dans l’espace.

— Mais, s’obstina Luis, la veille de la Saint-Jean, quand nous allumons des feux, nous faisons bien monter dans le ciel de petites sphères de papier de soie gonflées d’air chaud. Si l’on trouvait le moyen d’en construire une très grande, assez grande pour soulever un homme, une voiture légère et un moteur, l’appareil entier ne pourrait-il être dirigé dans les airs, comme un vapeur est dirigé sur les eaux ?

— Mon petit, ne dites pas de sottise ! fit, avec vivacité, le vieil ami de la famille, comme le capitaine du navire s’approchait. Il était trop tard. Le capitaine avait entendu l’observation du jeune homme : loin de l’appeler une sottise, il la justifia.

— Le grand ballon que vous imaginez, dit-il, existe depuis 1783. Mais, bien que capable de porter un ou plusieurs hommes, il ne peut être