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MŒURS FIN DE SIÈCLE


un des princes de la science médicale. Il acquit la certitude qu’il resterait maigre toute sa vie. L’âme de sa future femme n’était donc pas fermée aux choses de l’esthétique, puisqu’elle voulait un époux d’un calibre moyen.

Quelquefois, elle lui demandait :

— Aimez-vous ceci ? Aimez-vous cela ?

Et leurs préférences allaient toujours à l’encontre l’une de l’autre. Cette constatation rendit Mauri complètement abruti. Il adorait les choses épicées, elle avait en horreur le poivre et la moutarde. Les sucreries et l’alcool — qu’elle savourait avec des spasmes de plaisir, — lui causaient, à lui, des maux d’estomac. Et lorsqu’il l’entretint finement des plaisirs charnels que le mariage autorisait entre personnes de différents sexes, elle lui fit entendre qu’elle n’aimerait jamais ça, que cela n’était pas propre, qu’elle ne se mariait pas pour cela, qu’elle était réfrigérante comme la machine de la Morgue.

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