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MŒURS FIN DE SIÈCLE


ville le toisa avec mépris. Où aller ? La demie sonna à la gare. Cinq heures et demie ! Lui, Mauri de Noirof, sur le pavé à pareille heure ! Il fit demi-tour, mais comme il avait horreur de passer deux fois de suite aux mêmes endroits — ce qu’il appelait le pléonasme de la locomotion, — il prit la rue du Départ, travaillé par le souvenir d’un cigare qui l’avait rendu malade, six mois auparavant, chez madame Perle, une grande cocotte des Champs-Élysées, où l’on jouait gros. Oui, ce cigare l’avait rendu malade. Tout à coup, il se retrouva boulevard de Montrouge, et par un hasard curieux, tous les événements de la matinée dansèrent une ronde échevelée dans sa cervelle : la sortie, le morceau de brique, le coup de sifflet de la locomotive, le pont du chemin de fer, le pied posé sur une ligne de séparation des dalles du trottoir, l’autre morceau de brique, les deux cochers, la fatigue des jambes. Le jour venait péniblement, le