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LE TUTU

Et c’étaient des falaises très hautes, taillées à pic, friables, sans architecture, d’une pâleur mortelle. À gauche, celles du Tréport, surmontées d’une croix ; à droite, celles de Mers, affligées de deux ou trois petites maisons condamnées à mort. Et de côté et d’autre, elles s’allongeaient, indéfiniment lamentables, reculant peu à peu devant les morsures de la mer qui grignotait leur racine, leurs entrailles de craie, provoquant des éboulements, les forçant à s’effriter. Et dans le silence profond de la jetée — car la mer bruissait à peine — résonnèrent soudain les plaintifs accords classiques d’un piano sur lequel s’exerçaient les tâtonnants efforts de doigts d’enfant.

— Allons-nous-en ; il doit faire moins bête ailleurs.

Et ils entrèrent dans le casino, où six musiciens broyaient la danse hongroise de Brahms. Les spectateurs se composaient de banquettes et de chaises vides.