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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/109

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la dépression des vacances.

de vertus qui sommeillent en cette saison afin de se réveiller, quand il en est besoin, plus fortes, mieux équilibrées, plus sûres de soi.

La nature, infiniment sage, offre ce répit à notre bouillante machine, afin qu’elle n’éclate pas. C’est pourquoi la dépression occasionnée par les vacances est salutaire ; c’est pourquoi, aussi, il est puéril de s’en alarmer.

Ce sont les réflexions que je me faisais en disant adieu à cet admirable lac de Genève, pour lequel j’éprouve un attachement chaque année plus tendre et que j’ai besoin de revoir pour reprendre courage… Ses bords me sont familiers ; je connais par leurs noms tous les pics qui se mirent en ses eaux profondes, et les villes orgueilleuses, et les villages discrets qui s’épanouissent sur ses rives… Mais, ce que j’aime par-dessus tout, c’est glisser sur ses flots argentés, bercée par la brise, le murmure des eaux et la mélodie lointaine de quelque troupe de musiciens… Cela est un plaisir divin. Le paysage se déroule lentement, emplissant les yeux, l’imagination, d’une sorte d’allégresse. Car la nature est si belle, en ce reposant pays, qu’elle répand sa sérénité jusqu’au cœur des villes. Lausanne, Genève, ne sont pas fiévreuses ; le grand lac leur apporte sa fraîcheur, sa limpidité et le