nous élevons assez mal nos filles, péchant constamment dans un excès ou dans un autre.
Ou nous leur laissons prendre ces allures libres et déplaisantes qui semblent solliciter les paroles hardies, les compliments grossiers, et font que les jeunes gens traitent sans respect celles qui pourraient devenir les compagnes de leur existence ; ou alors, nous inspirons, à ces futures femmes, à ces futures mères, la terreur sacrée de l’homme.
Lui, c’est l’ennemi, le monstre dont il faut se garer ; son approche semble redoutable : on suspecte, par avance, ses intentions et ses moindres paroles ; on redoute même son regard, qui pourrait être rempli de maléfices ; et, par cette garde intempestive, on fait, de créatures qui auraient pu être charmantes, des sottes rougissantes et prétentieuses.
Savez-vous ce que je souhaiterais ? C’est que l’on s’appliquât, avant tout, à donner à nos filles, non seulement le sentiment de leur dignité, mais de leur responsabilité.
Je voudrais que chaque mère pût se dire ceci :
— À ma fille, j’ai fait une âme saine, tendre et clairvoyante ; et, si je n’ai pas toujours confiance dans ces mauvais sujets d’hommes, je sais que je puis, en toute sécurité, compter sur