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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/227

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histoire d’un préjugé.

justesse de ces arguments qu’elle remarqua, dès le lendemain, des sourires ironiques sur son passage ; chez la femme du commandant, — où elle faisait la pluie et le beau temps, — on la reçut d’un air pincé et, tout en tirant l’aiguille, l’une de ces dames lança, sans en avoir l’air, un anathème sur ces soi-disant femmes du monde qui ne sont pas du tout du monde.

Elle comprit l’allusion. Dorénavant, la malheureuse sait qu’on lui tournera le dos ; elle n’ignore pas que, probablement, elle ne mariera plus sa fille et verse des larmes cuisantes.

… Et tout cela me paraît de l’hébreu, cousine, car, enfin, il y a une chose que mari et femme oublient à qui mieux mieux et qui reste immuable : c’est qu’on ne bouclait pas le budget.

Comment, maintenant, joindra-t-on les deux bouts ?

Et quelle honte y a-t-il, lorsqu’on est pourvu de quatre enfants (dont une fille à marier) et qu’on n’a point de fortune, à tirer parti d’un talent, qui laisse la femme au mari et au monde, la mère aux enfants, et n’est incompatible avec aucune dignité ?

C’est de la pure aberration mentale.

Si j’avais le temps, cousine, j’essaierais de vous démontrer que ce sont justement ces pré-