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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/233

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bavardes et bavardages.

gales, c’est-à-dire tout ce qui constitue le répertoire de l’affreuse jacasse, elle est forcée de puiser dans son cœur ou dans son esprit la source des paroles qui jailliront de ses lèvres.

Les lettres de Mme de Sévigné ne sont, selon l’expression de M. Marcel Prévost, qu’un « divin bavardage ». Il est probable que la charmante ermite des Rochers ne devait la maturité de ses jugements qu’à ses longues méditations dans la solitude, ce qui prouve qu’une bavarde peu parler, jaboter, papoter tout à son aise, et rester adorable, à condition, toutefois, qu’elle ait discipliné sa pensée, et mis ses bavardages au régime de la réflexion. Je ne sais dans quelle comédie de Daudet un personnage s’écriait, avec l’accent du Midi :

— Je ne pense que lorsque je parle !

C’est à peu près le contraire qu’il faudrait et penser avant que de parler. Pour cela, il suffirait que les femmes, aux minutes inoccupées de leur vie, durant la toilette du matin, celle du soir, pendant la promenade de bébé, ou à l’heure de la couture, prissent l’habitude non seulement de réfléchir sur elles-mêmes, mais encore sur les choses et les gens qui les entourent. Elles examineraient le « pourquoi » des événements grands et petits, et en tireraient la moralité qu’ils comportent.