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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/244

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la femme.

Le but de leur vie se résumait à peu près en ceci : plaire, et elles entendaient plaire, non seulement par la beauté du visage et le soin des ajustements, mais par l’élégance des manières et les nuances infinies de la politesse, qui eut, dans ce temps, les proportions d’une vertu.

Leur tact sur et délicat leur permettait de réunir hardiment, à la même table, des seigneurs, illustres par la naissance, et des hommes qui ne l’étaient que par le génie ou le talent, des auteurs et des comédiens, des actrices et des princesses du sang. Cet assemblage, qui eût pu paraître hétéroclite, dans un siècle de préjugés, se fondait en parfaite harmonie sous l’œil spirituel et attentif de la maîtresse de céans. Et la sympathie qui unissait à la longue les amis du logis, leur fidélité à le fréquenter, l’agrément qu’ils éprouvaient à « causer » dans une maison hospitalière, éclairée d’un joli sourire de femme, étaient autant de racines mystérieuses, servant à l’éclosion de cette fleur du dix-huitième : un salon.

Qu’est-ce donc qu’un salon ?

Il en est encore, aujourd’hui, de toutes sortes : les uns ont des prétentions littéraires ou bien politiques ; les autres s’intitulent mondains ; quelques-uns s’efforcent dans la note artis-