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la jeune fille.

l’avenir luit dans le lointain comme un soleil ; c’est l’âge où l’on aime, où l’on croit, où l’on pleure ; c’est l’âge charmant où les chagrins n’ont pas de lendemains, où les larmes ont des sourires.

Il est possible de souffrir à dix-neuf ans ; mais quand, au premier détour du chemin, l’horizon brusquement peut s’éclairer, l’amour éclater comme un bourgeon d’avril ; quand, devant soi, l’inconnu se dresse, avec tout le bonheur qu’il promet, il est fou de déserter la vie.

Et l’on songe tristement que cette pauvre petite, qui s’en fut dans la tombe, manqua, sans doute, de tendresse ou de direction. Elle ne connut pas le sens si beau de la destinée ; on ne lui répéta point que « tout s’arrange dans la vie », pourvu qu’on le veuille avec ardeur.

Avez-vous remarqué que ce sont toujours les mêmes qui ont sujet de se plaindre de l’existence ou de s’en louer ?… C’est que les uns brûlent de cette flamme divine qu’on appelle le feu sacré. L’obstacle ne leur fait pas peur ; ils foncent dessus, et si, par hasard, ils se cassent un peu le nez, ils se le frottent et recommencent. Ils montent à l’assaut du mystérieux avenir comme les preux, jadis, enlevaient les citadelles. Ils vont, cognés, cognant, toujours droit au but. Les échecs stimulent