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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/283

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la femme est-elle un « individu » ?

Va ton chemin, j’emboîte ma route, et, si le hasard nous met en présence à quelque carrefour, je ne refuserai pas de te serrer la main.

Ou bien se hausse-t-on à la dignité d’ « individu » lorsque, ayant mis au monde des tout petits individus qui ne demandaient pas à naître et, bon gré mal gré, poussent à vos côtés, on leur dit :

— Sachez, vilains petits individus, que vous n’êtes dans mon existence précieuse qu’un épisode… Je donne à la science, à la politique, à l’art, au commerce, le meilleur de mon intelligence : tâchez de montrer la vôtre en restant dans l’ombre. Et, si l’ingratitude ne déborde pas de votre estomac, reconnaissez le service que je vous rendis le jour où je vous plantai sur la machine ronde, en encombrant le moins possible ma vie…, cette vie où je dois être « moi-même ». Entendez-vous : « moi-même », car, retenez encore ceci, jeunes morveux, je ne vous dois rien, rien, rien, non plus qu’à M. votre père. Telle est l’expression de ma pensée, qui sera celle des générations futures. Portez-vous bien. Amen.

J’ai l’air de rire, cousine, et, cependant, je répète seulement, avec moins de solennité, les propos du docteur Madeleine Pelletier qui —