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la femme.

le dérangement des fonctions de l’intelligence », et, probablement, la discernent-ils à des signes certains, connus d’eux seuls. Pour moi, cousine, qui viens de visiter des vrais fous pour la première fois, je suis restée saisie et stupéfiée du peu de différence qui les sépare des mortels que nous coudoyons à chaque instant.

Dans ce splendide asile de Villejuif, royaume des folles authentiques, j’ai reconnu, au passage, les travers, les humeurs, les irritabilités, les bizarreries, les loquacités qui passent dans le monde pour des originalités sans conséquence et que les médecins traitent là-bas comme un mal redoutable… Et, si quelque spectacle est fait pour éveiller la réflexion et la sagesse, c’est celui de ces pauvres démentes considérées comme un danger public, parce qu’elles ont perdu le gouvernement de leur jugement et de leur volonté.

Les petites folles qui, de quatre à sept, courent en liberté de salon en salon, de thé en thé, et se font une auréole de l’état de leurs nerfs, des mouvements tumultueux de leur cervelle et de l’exaspération de leur esprit, retrouveraient, du coup, l’équilibre rompu. Elles apercevraient, d’une manière éclatante, que la raison est une véritable grâce de Dieu et le meilleur bien de ce monde ; et, en constatant les ravages causés