n’en ont pas, je ne puis m’empêcher de reconnaître qu’il y a souvent de leur faute. On n’apprend pas assez aux enfants à diriger leur chance, c’est-à-dire à aimer la vie, bêtement, simplement, telle qu’elle est. Ils la redoutent, ils ont peur de l’inconnu ; ils n’osent aller jusqu’au bout d’une pensée, ni prendre une résolution. Le moindre obstacle les épouvante : ils craignent leur ombre, ils tremblent devant une responsabilité, ils ont la terreur du lendemain, un échec les rend fous, un chagrin les décourage à jamais, un examen raté les conduit au tombeau. Ils n’ont pas de chance, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas la foi.
La chance, comme le soleil, ne manque jamais de tourner. Elle revient, cependant, infailliblement à ceux qui, pleins de résolution, attendent son retour.
Je me souviens d’une pauvre petite orpheline d’excellente famille, âgée de seize ans, qui, elle aussi, un jour, manqua un examen du Conservatoire ; elle n’avait plus un centime, plus de parents, plus d’amis, et seulement ses deux beaux yeux gris pour pleurer. Elle croyait à son talent sur le piano, qui était des plus médiocres.
— Que vais-je devenir ? disait-elle avec une angoisse qui eût remué des pierres.
Nous lui cherchâmes des leçons sans succès.