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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/305

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où mène l’imagination.

— Ne faîtes pas attention, c’est une folle.

Puis, elle se rassit, contente du petit service qu’elle venait de me rendre et ce mot, dans sa bouche, résonna d’une façon sinistre. La vocifératrice, cependant, continuait ses injures. Ayant jugé, sans doute, que je les écoutais favorablement, elle prit, tout d’un coup, un sourire gracieux, une voix mielleuse et susurrante, m’accabla de politesse :

— Ce n’est pas vous qui auriez donné mes enfants à un satyre, ça se voit bien. Vous êtes trop bien élevée pour ça. Aussi, vous me plaisez, et, si mon fichu était fini, je vous le donnerais en souvenir de mes enfants. Ils sont là, voyez-vous ?…

Et elle étala complaisamment les imageries qui recouvraient sa poitrine ; puis, changeant subitement de registre, elle recommença ses invectives :

— Ne m’approchez pas, bandit, ou je vous tue !… Je vais écrire, ce soir, à M. Henri Robert…

— Est-ce que, vraiment, ses enfants lui ont été dérobés ? demandai-je au docteur.

— Mais pas du tout ! C’est l’idée fixe, ce sont ses ventouses, à elle. Ses enfants vivent : ils ont même la permission de venir la voir, et elle les embrasse comme du bon pain, tout en