nus, et son vêtement de coutil gris ne sort pas de la « grande maison ». Il a l’air naïf, les yeux candides et le front large d’un penseur. Tous deux peuvent avoir neuf ans.
Après quelques coups d’œil échangés, le jeune homme chic prend la parole :
— Dis donc, veux-tu qu’on cause ?
L’autre, ravi de l’aubaine :
— Je veux bien.
Le jeune homme chic. — Comment que tu t’appelles ?
L’autre. — René.
Le jeune homme chic. — Moi, Guy.
Un grand temps de silence.
Guy. — De quoi veux-tu qu’on cause ?
René, après un moment d’hésitation. — J’aimerais mieux qu’on joue.
Guy, scandalisé. — Oh ! la la ! par cette chaleur ! T’es fou, mon cher.
René, conciliant, avec un soupir de regret. — Ben, causons alors.
Nouveau silence prolongé,
Guy. — Combien que t’as d’autos ?
René, qui croit avoir mal entendu. — Qu’est-ce que tu dis ?