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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/339

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la lecture des enfants.

logiques d’un grand-père, — le tout à l’avenant… Les malheureux, comme de juste, prennent, à cette distraction, l’horreur de la lecture et confondent le plus exquis des plaisirs avec la pire des pénitences.

— Il faut meubler l’intelligence des élèves déclare sentencieusement la vieille demoiselle.

Celle-ci ignore, sans doute, que l’imagination enfantine est un paradis peuplé de merveilles radieuses et telles que les poètes seuls en peuvent concevoir de semblables… Ne connaissant point les limites du possible ni de l’infranchissable, elle se meut dans la féerie, elle vagabonde dans le rêve le plus aisément du monde, fout semble naturel à un enfant : les ailes qui poussent, les oiseaux qui parlent, les ogres qui sentent la chair fraîche, les citrouilles qu’une baguette métamorphose en carrosse, les princesses qui dorment cent ans, et les méchantes fées Carabosses… Un fragile cerveau de six ans rutile d’images éclatantes, de visions d’or, de richesses et d’idéal ; de même que, dans une petite âme fraîche éclose, palpitent une foule de sentiments obscurs, auxquels elle ne sait point donner de noms, mais qu’elle saisit et reconnaît avec ravissement au passage.

Les enfants, justement à cause de leur sensi-