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l’enfant.

de l’arrière-saison fuient on ne sait où, — elle dirait ou, plutôt, elle chanterait :

Ne crois pas que les morts soient morts.
Tant qu’il y aura des vivants,
Les morts vivront, les morts vivront.

Comment vous exprimer, cousine, ce miracle du renouveau, dans la plus belle des forêts ? et le charme des routes sinueuses qui contournent la vallée de la Solle, et le chaos sinistre des gorges de Franchard, et la rapidité de notre course à travers les choses mortes, éternellement vivantes ? Des carrosses, pesants et lents, passèrent, emportant vers leur destinée des seigneurs chamarrés d’or, là où notre automobile file, vole, ondoie, marquant, dans la fuite brève du temps, une minute de bonheur, une parcelle de progrès. Ce fut une journée de délices.

On déjeuna gaiement dans ce coin pittoresque de Barbizon pour lequel les Rousseau, les Corot, les Troyon et les Diaz eurent des prédilections particulières, et l’on se dirigea vers le château dont l’ami Georges d’Esparbès est le conservateur dévot.

N’avez-vous point remarqué, cousine, que certaines gens semblent créés et mis au monde pour occuper certaines situations ?