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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/368

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l’enfant.

que tout le monde connaît, il nous désigna un escalier dérobé.

— C’est par là, dit-il, que l’empereur descendait à sa bibliothèque particulière, qui est au rez-de-chaussée ; c’est par cette retraite qu’il s’esquivait du monde ; c’est au bout de ces marches qu’il trouvait le recueillement d’une pièce solitaire, et pouvait, dans le silence, donner libre cours à ses instincts de domination et de conquête… C’est là, acheva-t-il, que de géniales conceptions prirent naissance, que des plans formidables furent élaborés ; c’est là que l’Europe fut secouée sur ses bases ; c’est là que Napoléon, vainqueur d’Iéna, d’Austerlitz, vit s’effondrer sous lui l’Empire qu’il avait conquis ; c’est là, peut-être, que le roi des rois pleura sa gloire déchue, et la fatalité de son ambition.

Un rayon de soleil tapait sur les vitres et dorait les jeunes pousses du parc ; dehors, c’était le printemps, et, dedans, c’était le temple, qui laisse passer les hommes, et garde le meilleur d’eux-mêmes : leur âme.

Tant qu’il y aura des vivants,
Les morts vivront, les morts vivront.

Napoléon reposait sous la terre, et tout de lui, dans cette pièce haute, demeurait : les livres