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l’enfant.

la bonté, la gaieté discrète que nous voulons exprimer dans le « fin du fin » d’une jolie éducation.

Chez les Anglais, ma cousine, l’éducation est toute de dignité et de façade. Elle trempe des volontés ; elle stimule les énergies par l’orgueil de la race ; elle n’est point illuminée d’amour. Elle ignore notre culte pieux de la beauté, de toutes les beautés païennes et chrétiennes qui nous troublent et nous ravissent.

Deux Anglais se rencontrent-ils, ils n’auraient garde de se serrer la main. Cette marque de sympathie leur semble puérile ; ils ne sentent pas la douceur d’une pression exprimant, en nuances infinies, tous les degrés de l’amitié. Ils ne réservent cette étreinte que pour les occasions solennelles, car la sensibilité — cette précieuse et fragile fleur de chez nous — n’existe pas chez les Anglo-Saxons. Les enfants n’embrassent point leurs parents, leur parlent sans intimité, et, d’ailleurs, se trouvent rarement en leur présence. Babys, ils sont relégués à la nursery, plus tard à la pension, et ils s’émancipent dès que l’âge le permet.

J’ai considéré, ma cousine, le spectacle, vingt fois renouvelé, d’une jeune fille de seize ans, assise vis-à-vis de sa mère et, durant tout un repas, n’échangeant point, avec elle, deux paro-