Aller au contenu

Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
la jeune fille.

et d’une égalité d’humeur stupéfiante. J’admirais ses ongles merveilleusement polis.

— Comment avez-vous le temps, surmenée comme vous l’êtes, de soigner ainsi vos mains ? lui demandai-je.

— C’est bien simple, répondit-elle en riant, je ne sais réfléchir que lorsque mes « pattes » machinalement travaillent ; et, comme j’ai besoin d’au moins cinq minutes de méditation, chaque soir, pour tasser ma journée du lendemain, et repenser à celle qui finit, je saisis ma lime et mon polissoir, et me voilà partie… Je combine, je rumine, je me gronde, je repasse mes bévues, je case mes visites, mes leçons ; je prépare mes menus, je dresse le programme de la bonne et des enfants, et, quand mes ongles sont à point, je vois clair dans ma journée du lendemain. Et le contentement que j’en éprouve fait mon réveil gai.

Les petites causes ont, quelquefois, de grands effets, cousine !