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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/60

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la jeune fille.

tiendront dans leurs mains frêles le bonheur d’autres existences, ne trouveront point de programme plus beau que celui contenu dans ce vers de Musset, revu par notre Oncle l’académicien :

Si le ciel nous entend, qu’il nous prenne en estime.

C’est là tout le secret du bonheur des honnêtes gens. Et cela est si vrai que, si vous vous amusez à regarder autour de vous, vous reconnaîtrez aisément, à je ne sais quelle bonne humeur, à je ne sais quel air de santé morale et d’équilibre joyeux, les personnes qui vivent en paix avec elles-mêmes. « Nul ne peut être heureux s’il ne jouit de sa propre estime », a écrit Jean-Jacques Rousseau. C’est pourquoi tant de gens sont malheureux, irritables, irrités : ils n’ont pas su la gagner.

Zarathoustra, cousine, a prononcé de grandes paroles, et Nietzsche a écrit de gros livres ; mais M. Faguet a fait mieux encore, quand, ayant expliqué la volonté, l’énergie, le surhomme, et tout le génie de Nietzsche, il a conclu sur cette vérité si simple :

— Qu’il faut, pour mériter son bonheur, que le ciel nous prenne « non en pitié » comme de pauvres victimes, mais en « estime », comme de vaillantes petites combattantes.