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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/80

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la jeune fille.

Je voudrais que toutes les jeunes filles entendissent chaque jour cette vérité trop souvent passée sous silence : c’est que de la qualité de leur caractère, dépendent la beauté de leur avenir et la sécurité de leur vie. Elles peuvent être des miracles de science et des réservoirs d’intelligence, et, cependant, ne réussir à rien, il est à peu près impossible qu’avec un caractère fortement trempé et agréable, elles ne viennent pas à bout d’une situation même difficile. — Car les places, croyez-le, cousine, sont exactement ce que les font ceux qui les occupent. À moins d’exception, il n’y a pas de mauvaises ou de bonnes situations : il y a seulement, pour les tenir, de mauvais ou de bons bergers.

Quand des jeunes filles, des jeunes femmes, viennent me voir pour que je les aide à se caser et qu’elles m’énumèrent toutes les raisons qu’elles ont de ne point accepter un poste indigne de leur savoir ou de leur naissance, j’ai toujours une furieuse envie de leur crier :

— Il n’y a pas de poste indigne ; il n’y a que de sottes gens !

Je me retiens, cousine, car jamais on ne convainc une personne enflée de ses mérites de l’avantage qu’il y aurait pour elle à débuter dans des conditions modestes : ses regards