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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/98

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la jeune fille.

Mais aujourd’hui, en vérité, la jeunesse s’amuse trop… Elle est trépidante, insatiable, folle de mouvement et d’agitation ; dès qu’une partie est terminée, il faut en organiser une autre. Les matches succèdent aux pique-niques, et les soirées dansantes aux promenades ; et quand, par hasard, elle ne se divertit pas, elle s’ennuie… ou joue au bridge, à dix-huit ans !

Quelle pauvreté d’imagination. Ah ! si nos filles savaient les joies que donne la lecture et les horizons qu’elle ouvre, et les souvenirs profonds qu’elle laisse, elles feraient une petite part à ce sport délaissé. Elles ne se contenteraient plus de lire par l’image, mais aussi par la pensée et par tout ce qui frémit dans leur jeune cœur. Elles s’appliqueraient à méditer quelques minutes par jour, en bonne et belle compagnie, ce qui vaut bien, après tout, une partie de bridge.

Un équilibre harmonieux maintiendrait ainsi leur santé et leur imagination. Elles ne ressembleraient plus à de petits cinématographes vivants qui enregistrent tout, sans trop savoir par quel miracle. Elles apprendraient à se connaître elles-mêmes, et non à se calquer sur un modèle unique. Elles auraient, avec le mouvement, la grâce de la réflexion.

…Si la jeunesse d’aujourd’hui lisait, cousine, elle serait parfaite ! Elle est déjà si jolie ! si vivante !