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Page:Sarcey - Quarante ans de théâtre, t. 6, 1901.djvu/414

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QUARANTE ANS DE THÉATRE

grâce sans avoir l’air d’y prendre garde. Ces messieurs y ont pleinement réussi, et c’est un enchantement pour l’oreille que leur partition musicale.

Il faut que ces vers soient dits ; tous ne l’ont pas été. Il y a par exemple, au second acte, un morceau superbe où le diable convie toute la nature à griser d’amour Alain et la marquise de Saluce ; Coquelin cadet ne lui a pas donné assez d’ampleur et de relief. Je souhaiterais que M^^^ Bartet, qui est si admirable comédienne, sentît plus la nécessité de chanter le vers, surtout lorsqu’il est lyrique. Elle le jette d’une voix trop sèche, on dirait qu’elle en veut faire de la prose. Silvain a dit les siens avec une accentuation merveilleuse. Lambert fils a joué avec beaucoup de sensibilité et de grâce la scène de la séduction ; Leloir et Laugier contribuent au bon ensemble dans des rôles épisodiques. Mlle Ludwig a récité, avec une gentillesse très crâne, son petit prologue, et Mlle Moreno soupire d’une voix très juste et harmonieuse une chanson, dont l’air paraît horriblement difficile.

18 mai 1891.