Page:Sardou - La haine.djvu/12

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Et, pour commencer, je prendrai la liberté de répondre ici à trois lettres qui me sont arrivées par le même courrier, et qui ont trait à la même question.

La première me demande dans quelle chronique italienne j’ai puisé l’idée première de mon drame. — Et l’auteur de cette lettre, qui signe bien, mais oublie de donner son adresse, « — a quelque vague souvenir d’une histoire de ce genre, racontée par Giovanni Villani, à propos de la délivrance de Sienne. » Mon correspondant se trompe. — Villani est mort de la peste en 1368, — un an par conséquent avant la défaite de Charles de Bohême : et je ne connais rien, dans ses récits antérieurs, qui ressemble à l’histoire de Cordelia.

Mon second correspondant n’oublie pas, lui, de donner son adresse ; mais il oublie d’être poli. — Il ne demande pas où « — J’ai pillé cette légende. » — Il le sait ! « — C’est un vieux conte aussi célèbre en Italie que celui de Francesca, de Guido et Ginevra, de Roméo et Juliette, et de la Siennoise Pia de Tolomei ; et si je ne révèle pas ma source originale, il la révélera lui-même dans le Figaro. » — Je ne saurais assez l’y encourager !

La troisième lettre est plus douce. — Elle est d’une dame. — Cette dame a parié que j’avais emprunté ma fable à un vieux roman du XVIIe siècle, intitulé : Les amants de Sienne. — Je regrette de lui déclarer qu’elle a perdu son pari. — Je connais bien ce roman ; mais je ne lui dois rien : et la prétendue légende d’Orso et