Il reste d’abord sur le seuil, embrassant la pièce d’un coup d’œil comme un homme qui veut se rendre compte de l’endroit où il est, et ne voit pas Cordelia à moitié disparue sur l’escalier. — Puis il descend regardant toujours autour de lui !… avec une surprise croissante, quand il reconnaît la chambre.)
Cette chambre ?… Oui !… Cette fenêtre ! (Il y va.) C’est elle !… le palais Saracini !… Comment suis-je dans cette maison ?… (Il se retourne et aperçoit alors Cordelia qui redescend à gauche ; le petit jour commence à paraître au fond, et pendant la scène, la lumière va croissant jusqu’au jour complet.) Cordelia !
Lui !… (Par un sentiment naturel de répulsion, elle passe vivement à gauche, séparée de lui par la table et le siége.)
Cordelia qu’on disait morte !… Es-tu son ombre ?…
Son ombre t’aurait déjà fui !…
Vivante !… (Il s’arrête à mi-chemin, frappé d’une idée subite.) Grand Dieu ! cette femme dans le cloître, avec Uberta ?… Celle qui m’a frappé ?…
C’est moi !…
Bien pour cela ! — C’était vengeance !… et de toi à moi, je l’accepte !… Mais comment suis-je dans ta propre demeure ?… et qui m’y a conduit ?…
Peu importe !…
Et cette autre femme que j’entrevois dans mon délire, penchée sur moi… me donnant à boire ?… qui est encore cette femme-là ?…