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ACTE PREMIER.

Ave, il sera pendu sous la voûte ! (Mouvement des groupes. — Ercole s’élance vivement dans cette direction, tandis que Lodrisio va rejoindre au fond les Contrades qui arrivent.) Et que les femmes se taisent, ou je leur donne de quoi gémir toute leur vie !… (Les groupes intimidés s’éloignent. — Grand silence. — Appels au fond et tout au loin. — Les soldats de la Contrade arrivent dans la rue, au delà de la voûte, peu à peu. — Revenant au banc de pierre où il tombe assis.) Cinq heures de bataille au grand soleil, — la soif m’étrangle !… — Braguella !…

BRAGUELLA, venant à lui, avec une bouteille de cuir.

Seigneur Consul !…

GIUGURTA, prenant la bouteille.

Donne !

BRAGUELLA, tandis qu’il boit, à demi-voix, avec insinuation.

Alors, c’est donc une défaite ?…

GIUGURTA, violemment, se levant et lui rendant la bouteille.

Qui t’a dit cela, brute ?… (Il traverse et va à la fontaine, ôte ses gantelets qu’il pose sur la margelle, et se jette de l’eau sur le visage.)

BRAGUELLA, à lui-même, se dérobant à droite.

C’est une défaite !…


Scène IV.

GIUGURTA, UBERTA, LODRISIO, TOLOMEI, ERCOLE au fond, sous la voûte ; BRAGUELLA, PORCIA, dans les groupes ; Contrades.

(Silence. Le jour commence à baisser. — Appels de plus en plus lointains, détonations de temps en temps, sons de cloches sonnant le tocsin.)

UBERTA, entrée par la voûte de droite, s’adressant à Lodrisio et Sezzini au fond.

Giugurta, où est-il ? (Lodrisio d’un geste lui montre Giugurta à la fontaine. Elle descend à lui.)