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ACTE TROISIÈME.

TOUS.

Oui ! oui ! (Murmure d’approbation de tous les soldats.)

ORSO, qui a prêté l’oreille, sans bouger, à ces récriminations, allant droit à Malerba et le forçant à retourner la tête, en lui frappant sur l’épaule.

Et l’avais-tu pris, toi, ce temps-là, pour déclarer que tes hommes tombaient de fatigue ?… (A Scarlone.) Et toi… que les aventuriers tournaient bride ?…

MALERBA, embarrassé.

C’est vrai !…

SCARLONE, de même.

Nous ne disons pas !…

ORSO, les regardant en face.

Qui donc alors ose trancher ici du mieux avisé que moi ?… (Profond silence. — Il redescend à Cristoforo, et froidement.) À combien estimes-tu les forces du César romain ?

CRISTOFORO.

Quinze mille hommes pour le moins, sans compter les douze cents lances du Vicaire impérial,… et trois mille chevaux du Légat de Bologne !

ORSO, à lui-même.

Ah !… ce légat s’en mêle !

MALERBA.

Il n’est pourtant pas l’ami des Gibelins, cet Empereur !

ORSO, gagnant la droite,

Eh ! Guelfes ou Gibelins, que lui importe, à ce César avide, qui ne cherche que l’occasion de pêcher partout en eau trouble ! — Ne le savez-vous pas aux expédients… et qu’il n’est en Italie que pour y rançonner les villes, la lance au poing, comme d’autres, — ses confrères, — y détroussent les passants ? — Non ! il ne vient pas en aide à Giugurta ! mais Giugurta est un prétexte, pour se camper menaçant, là, sous nos remparts, et nous faire acheter son départ cinquante mille florins ; comme il l’a fait à Florence et à Pise. — À moins pourtant qu’il n’ait déjà vendu Sienne au Pape !… Opération qu’il fait encore !…