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Page:Sardou - Le Roi Carotte.djvu/12

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FRIDOLIN.

Ah ! monsieur est, comme nous, étudiant ?

ROBIN, gaiement.

En théologie, médecine, jurisprudence et droit canon !… Tout à la fois !

FRIDOLIN.

C’est beaucoup !

RONDEAU.
ROBIN.
––––––Étudiant de cette ville,
––––––Jeune, riche et joli garçon,
––––––J’ai le cœur gai, l’humeur facile,
––––––On m’appelle Robin-Luron.
––––––Demandez le plus raisonnable :
––––––Et nul ne vous dira mon nom !
––––––Si vous parlez du plus aimable,
––––––Ah ! c’est Robin, vous dira-t-on.
––––––J’aime l’étude à la folie,
––––––Et, dans l’ardeur de mes vingt ans,
––––––Toujours et partout j’étudie !…
––––––Ce n’est pas moi qui perds mon temps.
––––––Ainsi j’étudie avec rage
––––––Le canot, l’escrime et le chant !
––––––Le grand art du carambolage…
––––––Et celui de danser gaîment !…
––––––Le pistolet et la manière
––––––De tailler joliment un bac…
––––––L’art de vider trois moss de bière
––––––En fumant dix sous de tabac.
––––––En fait d’amour, je me proclame
––––––Très-érudit, et dès demain,
––––––Sur le chapitre de la femme,
––––––Prêt à passer mon examen.
––––––J’ai, pour savoir comment on aime,
––––––Passé bien des nuits sans dormir.
––––––Le secret de ce grand problème,
––––––J’ai fini par le découvrir…
––––––C’est que la beauté qu’on adore
––––––N’est pas celle qu’on a déjà…
––––––Mais celle qu’on n’a pas encore,
––––––Et qu’on n’aime plus dès qu’on l’a !
––––––Aussi que l’on fonde une chaire
––––––Pour l’enseignement des amours,
––––––Que l’on m’en nomme titulaire,
––––––Et vous verrez quels jolis cours !