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CUNÉGONDE, regardant autour d’elle en feignant l’inquiétude.
Ah ! mon prince ! je tremble pour vous !… que de périls vous affrontez !…
FRIDOLIN, de plus en plus surpris.
Et c’est elle qui me parle ainsi !
CUNÉGONDE.
Oui, c’est moi, qui vous retrouve enfin… et dont le cœur est ivre de joie et d’amour !
FRIDOLIN.
Ton amour !
DUO.
FRIDOLIN.
- Vers ce gnome que j’abhorre
- Qui donc fit le premier pas ?
- Toi !…
- Qui fut la première encore
- A s’élancer dans ses bras ?
- Toi !…
- Qui partage ma demeure
- Et les biens qu’il m’a volés ?
- Toi !…
- Enfin qui va tout à l’heure
- L’épouser dans mon palais ?
- Toi !…
- Et c’est toi qui, ce même jour,
- M’oses parler de ton amour !
CUNÉGONDE.
- Et c’est vous… vous la victime
- Du pouvoir qu’il a sur tous,
- Vous qui me faites un crime
- De le subir, comme vous ?
FRIDOLIN, frappé.
- De le subir ?
CUNÉGONDE.
- Ah ! je ne cède
- Qu’au fatal pouvoir qu’il possède !
FRIDOLIN, incrédule, et la regardant pour voir si elle dit vrai.
- Est-ce possible ?
CUNÉGONDE.
- Il doute encore !
FRIDOLIN.
- Tu m’aimerais ?…
CUNÉGONDE.
- Ah je t’adore !…
- Mon cœur, de lui-même,
- Vole vers le tien.
- Tu m’aimes, je t’aime,
- Le reste n’est rien !