Page:Sardou - Le Roi Carotte.djvu/97

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II.
––––––Que faut-il donc, mon gros pacha,
––––––Pour secouer ton indolence ?
––––––Faut-il danser la cachucha,
––––––Faut-il chanter une romance ?
––––––Faut-il un regard, un souris ?
––––––Faut-il un baiser ? viens le prendre.
––––––Et même avant qu’il ne soit pris,
––––––Tiens, je consens à te le rendre.
––––––––Redresse ton panache, etc.
CUNÉGONDE, lui redressant son panache.

Pauvre bijou, va ! Est-il beau !… Voyez comme il me reconnaît !… comme il retrouve sa Cunégonde avec joie !…

CAROTTE.

Oie !…

KOFFRE, ingénument.

C’est vrai !… Il vous reconnaît !

CUNÉGONDE, essayant de le mettre debout.

Allons ! debout !… mon bijou ! (Carotte retombe.)

KOFFRE.

Comme ça !…

CUNÉGONDE.

Pourquoi pas ?

KOFFRE.

Mais, princesse… mais regardez… cette touffe qui lui pend du crâne !

CAROTTE.

Ane !

PIPERTRUNCK.

Il a des moments lucides !… mais ça ne dure pas !

CUNÉGONDE, redressant la houppe.

Ce n’est rien… Nous lui planterons là dedans un fil de fer… et il marchera !… Allons, houp !…

KOFFRE.

Mais !…

CUNÉGONDE.

Je vous dis qu’il marchera ! cordiable ! ou j’y perdrai mon nom !

CAROTTE.

Non !

CUNÉGONDE.

Si ! (Elle le met debout.) Empoignez-lui le bras droit, baron !… Vous, le gauche, maréchal ! Là, maintenant, en route !…