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LES FEMMES FORTES.

vous qui voulez, ce n’est plus moi ! Ah çà, vous n’aurez donc jamais fini votre malle ? et vous ne vous en irez donc pas ?… (Il ferme le couvercle brutalement.)

CLAIRE.

Oh ! ne vous fâchez pas, monsieur Jonathan ! je vais… (Elle va pour tirer la malle.)

JONATHAN, arrêtant la malle avec le pied.

Ah ! vous ne pouviez pas la tirer vide ! Ce n’est pas maintenant qu’elle est pleine… (Il pousse la malle du pied.)

CLAIRE.

C’est vrai !… je vais me faire aider…

JONATHAN, sautant devant elle et lui barrant le passage.

Pas encore ! Vous ne comprenez donc pas ?… Vous n’avez donc jamais marchandé dans votre vie ? — Eh bien ! je suis un marchand, moi !… Je ne fais rien pour rien !… Mais on peut s’entendre… s’arranger, quoi !

CLAIRE.

Comment ?

JONATHAN.

Allons ! Vous me comprenez bien ! vous êtes assez fine pour ça. — Je le garderai, l’oncle Toupart !… Je vous passe le Toupart !… Mais tout ce que j’en fais, n’est-ce pas… c’est pour vous garder… c’est pour vous avoir… et je voudrais bien qu’il m’en revînt quelque chose par avance, comme qui dirait les arrhes du marché !…

CLAIRE.

Je ne comprends pas !

JONATHAN.

Que si fait ! vous me comprenez bien !

CLAIRE.

Non !

JONATHAN.

Enfin, je voudrais… vous et moi, n’est-ce pas ?… une belle fille et un beau garçon… je m’en vante ! Eh bien… enfin, quand ce serait, n’est-ce pas ?… ça ne fera de mal à personne, et en attendant… comme ça, un petit baiser !

CLAIRE.

Ah !