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LES FEMMES FORTES.

JONATHAN.

Ah çà ! c’est fini, n’est-ce-pas, le défilé ? Je souperais bien, moi !

QUENTIN.

Vous n’avez pas soupé ?

JONATHAN.

Si fait ! à quatre heures ; mais je recommencerais bien !

CLAIRE.

On va vous servir, monsieur, (Elle sort.)

JONATHAN, se retournant.

Tiens ! Ce n’est pas encore une cousine, celle-là ?

QUENTIN.

Non !… C’est ma filleule.

JONATHAN, indifféremment.

Allons, tant mieux ! C’est bien aimable à vous, mon oncle, d’avoir pensé à moi, comme cela, pour cet héritage…

QUENTIN, lui serrant les mains.

Ah ! c’est que je suis un Américain, moi, pour les affaires !

JONATHAN.

Est-ce cette maison-là qui est à moi ? (surprise générale.)

TOUPART, rectifiant.

À moi ! À nous !…

QUENTIN.

Mon Dieu ! oui, à nous !… à lui, à nous enfin !

JONATHAN.

Qu’est-ce qu’il dit, le petit vieux ?

QUENTIN.

Ne faites pas attention, il dit que la maison est à nous. C’est clair : à nous trois, comme tout l’héritage, enfin !

JONATHAN.

Comment ! à nous trois !… Qu’est-ce que vous me contez là, mon oncle !

QUENTIN.

Comment ! ce que je vous conte ! Je vous conte ce que vous savez aussi bien que moi… que nous héritons tous les trois !

JONATHAN.

Mais voilà l’erreur ! C’est moi qui hérite !

QUENTIN.

Vous ?

JONATHAN.

Tout seul !…