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Page:Sardou - Les femmes fortes, 1861.djvu/74

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LES FEMMES FORTES.

JONATHAN.

Qui ça, mes parents… Vous ?

QUENTIN.

Oui. Voilà bien les rails, les treuils et les moufles ; mais les bons parents ?

JONATHAN.

Ah çà, voyons, la main sur la conscience, êtes-vous bons à quelque chose, vous deux ?

QUENTIN.

Mais, bons à tout !

JONATHAN.

Eh ! bien, on verra, on tâchera de vous caser quelque part !

TOUPART, avec amertume.

Il nous casera !

QUENTIN.

Caser tes oncles ?… les frères de…

JONATHAN.

Ah ! quand vous seriez mes grands-pères, est-ce que je vous dois quelque chose, moi ? Je ne dois rien à personne ! À quinze ans je gagnais ma vie tout seul ! Et le vieux… (mon père) ne me donnait pas un dollar ! À dix-sept ans, j’étais caissier ; à dix-neuf, je montais une scierie ; à vingt, j’étais riche ; à vingt-deux, ruiné ; à vingt-huit, je recommençais, et à quarante j’aurai triplé mon capital. Chacun pour soi et en avant ! C’est la devise américaine, et la mienne ! Ce qui ne m’empêche pas d’être un bon garçon qui sera toujours enchanté de faire avec vous sa partie de quilles le dimanche !

TOUPART.

Pour le moment, c’est nous qui sommes les quilles !

QUENTIN, à lui-même.

Nature positive ! Voilà l’inconvénient des natures positives ! Mais, enfin, tu te marieras bien !

JONATHAN.

Pourquoi faire ?

QUENTIN.

Mais pour avoir une petite femme !… élevée à l’américaine !…

JONATHAN.

Ah ! avec ça que j’aime les petites femmes ! Sans parler des mioches, du beau-père, de la belle-mère, et du reste !… merci !… une femme qui n’a en tête que ses chiffons, qui bavarde, raconte vos affaires vous brouille avec les amis, vous fait rece-