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LIV. I. SATIRE X.

SATIRE X.


Oui, j’ai dit que sans art et d’un jet trop facile,
Quelquefois un vers dur échappait à Lucile.
Qui serait à ce point de Lucile engoué,
Que de nier un fait par chacun avoué ?
Il a, me direz-vous, d’une gaîté caustique,
Sur Rome, à pleines mains, versé le sel attique ;
J’en conviens, et d’abord, tout en le critiquant,
J’ai de ses mots heureux loué le tour piquant ;
Mais, pour avoir ce don, que nul ne lui conteste,
Faut-il absolument lui donner tout le reste ?
Non : ou bien vous mettrez au rang des bons écrits
Les lazzis du bouffon qui provoque nos ris.
Le talent d’amuser est un art que j’admire ;
Mais ce talent tout seul ne fait point la satire.
La satire demande un style vif, pressé,
Qui jamais de grands mots ne marche embarrassé ;
Et, de mille façons se repliant pour plaire,
Il faut que, tour à tour, sérieuse ou légère,