Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/105

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Ici, de l’éloquence elle sème les fleurs,
Là, de la poésie étale les couleurs ;
Et quelquefois laissant la pompe du langage,
Emprunte aux gens du monde un riant badinage.
Souvent d’un trait malin la mordante gaîté
A mieux qu’un argument vengé la vérité.
C’est par là qu’autrefois dans Athènes applaudie,
Se distinguait surtout l’ancienne comédie.
C’est là qu’il faut chercher ce goût pur et parfait
Dont le bel Hermogène ignore le secret,
Et qu’estime fort peu ce singe ridicule
Qui jure par Calvus et ne lit que Catulle.
— En mêlant dans ses vers, par un art plein de goût,
Les mots grecs aux latins, Lucile fit beaucoup.
— L’habile connaisseur ! ce qu’un auteur vulgaire,
Ce qu’un Pitholéon eut la gloire de faire,
Est-ce donc, selon vous, un art si merveilleux ?
— Mais ce mélange enfin est doux et gracieux :
Ainsi quand le Falerne au Chio se marie….
— Vous êtes du métier : écoutez, je vous prie :
Si dans ce grand procès dont on fait tant d’éclat,
De Capitoliuus vous étiez l’avocat,
Iriez-vous, pour répondre à la docte harangue
D’un Pédius soigneux d’écrire bien sa langue,
Tel qu’un Vénusien, dans le temple des lois,
Parler bizarrement deux jargons à la fois,
Et comme la patrie, oubliant votre père,
Dans des passages grecs embrouiller votre affaire ?
Un jour, par je ne sais quel bizarre dessein,
Moi qu’en de-çà des mers fit naître le destin,