Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/159

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Que tardez-vous ? Allons, prenez ce ris. — Hélas !
Combien coûte-t-il ? — Rien. — Mais encore ! — dix as.
— Dix as ! eh ! que m’importe, ô justice divine,
De périr par le mal ou par la médecine !
— Quels gens sont sages donc ? — Ceux qui ne sont pas fous.
— Et l’avare ? — L’avare est le plus fou de tous.
— Ainsi ! quand on n’est point avare, l’on est sage !
— Point du tout. — Que veut dire alors ce verbiage ?
— Écoutez, et croyez entendre Thémison.
Votre poulx est tranquille et votre estomac bon ;
Donc vous vous portez bien. Non ; car la sciatique
Vous tient dans votre lit comme un paralytique.
Vous n’êtes point un ladre, un parjure odieux !
Eh bien, courez au temple en rendre grâce aux dieux.
De l’amour des grandeurs la fièvre vous transporte :
Partez pour Anticyre. Eh ! mon ami qu’importe
Que dans le fond des mers on jette son argent
Ou que sur son trésor on vive en indigent ?
Servius à ses fils léguant son héritage,
Les fit venir tous deux et leur tint ce langage.
Lorsque je vous ai vus, suivant chacun vos goûts,
Toi, Marcus, prodiguer tes bonbons, tes joujous,
Toi, Tibère, avec soin en calculer le nombre,
Et courir à l’écart les cacher d’un air sombre
J’ai craint que, vous perdant par des sentiers divers,
L’un de Nomentanus n’imitât les travers,
L’autre de Cicuta les sentimens sordides.
Gardez-vous, mes enfans, de suivre de tels guides ;
Et, je vous en conjure au nom de tous les dieux,
Toi, ne dissipe pas le bien de tes ayeux,