Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/161

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Toi, ne l’augmente pas. La raison, cher Tibère,
Joint ici ses conseils aux avis de ton père.
Surtout des hauts emplois fuyez l’éclat, trompeur ;
Et que si l’un de vous est édile ou préteur,
Il soit, dès ce moment, maudit et sans asyle.
Eh quoi ! fiers d’amuser un vulgaire futile,
En fèves, en lupins vous iriez dépenser
Tout le bien que pour vous j’ai pris soin d’amasser !
Et pourquoi ? Pour jouir du noble privilège
De traîner dans le cirque un superbe cortège,
Ou de vous voir dresser un brillant piédestal !
Qu’on nous montre Agrippa sur son char triomphal ;
Ainsi qu’à ses vertus on le doit à sa race ;
Mais l’aigle et la colombe out-ils la même audace ?
— Fils d’Atrée, à quel titre avez-vous défendu
Qu’Ajax fût inhumé ? — Je suis roi. — J’aurais dû,
Modeste Plébéien, m’attendre à la réponse ;
À vous interroger désormais je renonce.
— D’ailleurs mon ordre est juste, et chacun librement
Peut, s’il croit que j’ai tort, dire son sentiment.
— Grand roi, puisse bientôt des murs de Troie en cendre,
Au rivage d’Argos votre flotte descendre !
Quoi ! vous me permettez un si libre entretien !
— Oui, je te le permets. — Ce fléau du Troyen,
Ce guerrier si souvent à vos projets utile,
Ce second des héros après le grand Achille,
Pourquoi lui refuser les honneurs du cercueil ?
Est-ce pour que Priam et ses peuples en deuil,
Nous bravant à leur tour, du haut de leurs murailles,
Puissent voir dans les champs, privé de funérailles,