Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/169

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Quand soudain entendant la voix de la sagesse,
Ce jeune débauché, honteux de son ivresse,
Au lieu de persister dans ses égaremens,
Se sentit pénétré de meilleurs sentimens,
Et dépouillant son front d’une infime guirlande,
Reçut d’un maître à jeun l’austère réprimande ?
À cet enfant boudeur vous offrez un bonbon ;
Il n’en veut pas. — Prenez, mon petit ami. — Non.
N’offrez point : il demande. Un jeune homme est de même,
Quand il est éconduit par la beauté qu’il aime,
Et que l’instant d’après à rentrer invité,
Bien que déjà son cœur n’y soit que trop porté,
En suspens, à sa porte il soupire et balance.
Dois-je entrer ? dois-je fuir ? aurai-je l’imprudence
De me laisser encor retomber dans ses fers ?
Mettrai je enfin un terme aux maux que j’ai soufferts ?
L’ingrate m’a chassé ! l’ingrate me rappelle !
Y faut-il retourner ? Non, m’en conjurât-elle.
Écoutez son esclave, homme de meilleur sens.
Mon cher maître, pourquoi ces combats impuissans ?
Pourquoi, dans une chose à la raison contraire,
Vouloir que la raison vous guide et vous éclaire ?
Tel est l’amour : tels sont ses maux et ses bienfaits :
Aujourd’hui c’est la guerre, et demain c’est la paix.
Ainsi grondent les flots d’une mer indocile.
Prétendre retenir dans un calme immobile,
Ce qui doit ressembler au mobile élément,
C’est vouloir raisonner déraisonnablement.
Mais que penserons-nous de la futile adresse
Qui vous fait trépigner d’orgueil et d’allégresse,