Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/171

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Lorsqu’entre vos deux doigts avec force pressé,
Un pepin vers son but au plafond est lancé ?
Et si, vieil édenté, sans respect pour votre âge,
Vous venez de l’amour bégayer le langage,
De quel droit croiriez-vous avoir plus de raison
Que l’enfant qui bâtit un château de carton ?
Et que serait-ce encor si cette ardeur bizarre
Allait dégénérer en vengeance barbare ?
Si vous portiez le fer dans ce feu dévorant ?
Marius tue Hellas et se tue en pleurant :
Pensez-vous qu’il n’a point la cervelle blessée,
Et pour donner un nom à sa rage insensée,
Entre des mots pareils irez-vous distinguant,
Dire, il est assassin, mais non extravagant ?
Chacun connaît ce trait d’un esclave imbécille
Qui, le matin, à jeun, courant toute la ville :
O vous, dieux immortels, qu’on révère ici-bas,
Faites que pour moi seul la mort ne vienne pas.
Que vous coûterait-il d’exaucer ma demande ?
Peu de chose : et d’ailleurs la faveur n’est pas grande.
Cet homme entendait bien, avait d’excellens yeux ;
Mais, nul, à moins d’aimer les cas litigieux,
N’eût garanti sa tête, et Chrysippe, par grâce,
Près de Ménénius lui réserve une place.
Jupiter, toi qui fais et calmes nos douleurs,
Que mon fils soit guéri, dit cette mère en pleurs,
Et j’irai dans le Tibre au jour où l’on t’honore,
Après avoir jeuné, le baigner dès l’aurore.
Que son fils au trépas échappe par hazard,
Ou qu’il doive la vie aux ressources de l’art,