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LIV. II. SATIRE V.

SATIRE V.


— De grâce, encore un mot, docte Tîrésias.
Par quel art, en rentrant au sein de mes états,
Puis-je honorablement réparer mes affaires ?
Tu ris ? — Quoi ! de retour au palais de tes pères,
Sur le point de revoir ton Ithaque et tes dieux,
Tu n’est pas satisfait, mortel astucieux !
— Toi qui ne m’as jamais trompé dans tes réponses,
Tu sais, car, cher devin, c’est toi qui me l’annonces,
En quel état honteux, trop indigne d’un roi,
Sans habits, sans argent, je vais rentrer chez moi.
Provisions, troupeaux, quand j’assiégeais Pergame,
Tout a servi de proie aux amans de ma femme.
Or le sang, la vertu, sans quelque peu de bien,
Tu ne l’ignores pas, ou les compte pour rien.
— L’indigence, en effet, te paraît-elle horrible ?
Apprends, pour t’enricbir, un moyen infaillible.
On le donne un mets rare, un faisan, un turbot !
Cours à ce vieux Crœsus les porter aussitôt ;