Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/191

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Et les fruits du jardin dont tu fais tes délices,
Avant d’aller aux dieux en offrir les prémices,
Fais-en d’abord hommage à ce mortel heureux,
D’un don si solennel beaucoup plus digne qu’eux ;
Et fût-il un parjure, un lâche, un adultère ;
Eût-il trempé ses mains dans le sang de son frère ;
Fût-il encor meurtri des fers qu’il a portés,
Suis-le, s’il le désire, et marche à ses côtés.
— Moi ! que d’un vil esclave augmentant le cortège,
J’aille d’un tel affront briguer le privilège !
Est-ce ainsi qu’on m’a vu, par d’immortels exploits,
Marcher, sous Ilion, l’égal des plus grands rois ?
— En ce cas, reste pauvre. — Il faut donc que je cède.
Allons, j’appelerai le courage à mon aide.
Sous un joug plus cruel il m’a fallu fléchir ;
Mais, en deux mots, comment puis-je encor m’enrichir ?
— Je te l’ai déjà dit, et vais te le redire :
Sur de bons testamens sache te faire inscrire ;
Captive les vieillards ; et le rusé patron
Eût-il une ou deux fois évité l’hameçon,
Ne te rebute pas. Deux nobles adversaires,
Vont plaider pour des riens ou de graves affaires ;
L’un est un téméraire, un injuste agresseur,
Mais il n’a pas d’enfans : fais-toi son défenseur.
L’autre pour galant homme est connu dans le monde ;
Son droit est excellent ; mais sa femme est féconde ;
Laisse-là son bon droit, ses stériles vertus ;
Et courant au premier, dis-lui : Paul ou Quintus,
( Car d’un prénom pompeux la douceur chatouilleuse
Flatte agréablement une oreille orgueilleuse )