Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/195

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Quelqu’un te donne-t-il son testament à lire ?
À cette offre d’abord refuse de souscrire :
Repousse avec horreur le papier odieux ;
Mais ne perds point de tems, et, d’un œil curieux,
Cherchant l’alinéa de la première page,
Regarde, et saisissant l’écriture au passage,
Vois si le patrimoine est à toi tout entier,
Ou si d’une part seule il t’a fait héritier.
Car un jour l’on verra, tel qu’un renard perfide,
Certain greffier leurrer le corbeau trop avide,
Et le fourbe Nazon toujours prêt à tromper,
Joué par Coranus qu’il aura cru duper.
— Qu’est-ce que ce discours veut dire, je te prie ?
Est-ce un oracle, ou bien une plaisanterie ?
— Prince, ce que j’ai dit doit arriver ou non ;
Car je suis inspiré par le grand Apollon.
— Pourrais-tu cependant m’édaircir ce grimoire ?
— Lorsqu’enchaînant le Parthe à son char de victoire,
Un petit fils d’Iule, en un profond repos,
Maintiendra sous ses lois et la terre et les flots,
On verra Coranus, amant déjà sur l’âge,
Obtenir de Nazon la fille en mariage ;
Mais, pour la dot, en vain il la réclamera.
Alors, pour se venger, voici ce qu’il fera.
Il feindra de dicter sa volonté dernière,
En rédigera l’acte et priera le beau père
D’y jeter un coup d’œil ; le bon homme d’abord
N’y consentira point et se récriera fort ;
Mais à ce vœu pressant obligé de se rendre,
II prendra le papier de la main de son gendre,