Aller au contenu

Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et verra que le traître, habile à le vexer,
Ne lui laisse à sa mort que des pleurs à verser.
Autre avis non moins sage. Une intrigante habile
Se joue avec Davus d’un chrémès imbécille ;
Pour qu’ils parlent de toi, quand tu seras sorti,
Et qu’ils en parlent bien, prends tout haut leur parti.
Ce point est important ; mais, pour brusquer l’affaire,
C’est au vieillard surtout qu’il faut tâcher de plaire
Dit-il un mot ? relève, admire ses talens.
Fait-il de méchans vers ? Trouve les excellens.
Sois prudent néanmoins. Une vieille thébaine,
J’étais à Thèbe alors et l’histoire est certaine,
S’avisa, pour punir un avide héritier,
D’un genre de convoi tout à fait singulier.
Il devait sur son dos transporter par la ville
Le corps de la défunte à grands flots trempé d’huile.
Elle l’avait ainsi réglé par testament.
Pourquoi ? pour essayer sans doute en ce moment
D’échapper au fâcheux qui l’avait, dans sa vie,
De son zèle importun si longtems poursuivie.
Ne sois donc complaisant qu’avec discrétion.
Attentif, prévenant en toute occasion,
Songe que trop d’ardeur quelquefois indispose.
Ce vieillard est d’humeur difficile, morose :
Crains d’être ou trop bavard ou trop silencieux.
Emprunte d’un Davus le ton obséquieux,
Son langage, son geste et sa tête penchée,
Et sois à tous ses pas comme une ombre attachée.
Fait-il le moindre vent ? préviens le cher patron
De se mettre à l’abri du piquant aquilon.