SATIRE I.
Je ne le voudrais pas donner pour tous tes vers.
Vous qu’on ne blesse point en frappant les pervers,
Élèves d’Eupolis, amis d’Aristophane,
Quoiqu’un peuple ignorant me blâme et me condamne,
Lisez-moi, c’est à vous de juger un auteur.
Mais puissé-je éviter ce stupide lecteur
Qui ne sait que railler les grecs sur leur chaussure ;
Qui reprend un ami d’un défaut de nature ;
Et qui, pour avoir fait des marchands d’Arezzo
Redresser la balance ou briser le boisseau,
Se croit un habile homme, un homme d’importance.
Loin de moi ce bouffon fier de son ignorance,
Qui, riant des calculs, des plans ingénieux
Que trace un Archimède à ses stupides yeux,
Triomphe quand il voit une fille publique
Arracher sans pudeur la barbe d’un cynique.
Laissons, messieurs, laissons de pareils beaux esprits
Le matin au forum, et le soir chez Chloris.