Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/275

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— Ridicule écolier qui devez, avec l’âge,
Trop à plaindre déjà, l’être encor davantage !
Où donc en sommes-nous ? et que ne vous voit-on,
Comme le fils d’un roi, comme un tendre poupon,
De morceaux tout mâchés souffrir qu’on vous nourrisse,
Et d’un air dépité battant votre nourrice,
Au bruit de ses chansons refuser de dormir ?
— Mais de cette encre enfin on ne peut se servir.
— Vous croyez me tromper par une telle excuse !
Malheureux ! c’est vous seul qu’un vain prétexte abuse !
Hélas ! le tems s’écoule, et la honte vous suit.
D’un vase, au son qu’il rend, le défaut se trahit
Jeune encor, votre cœur n’est qu’une molle argile ;
C’est maintenant qu’il faut qu’un précepteur habile
Redouble, en vous formant, et de zèle et de soin.
Dans vos champs paternels, à l’abri du besoin,
D’un simple et pur cristal l’élégance rustique
Décore, dites-vous, votre table modique,
Et votre heureux foyer, pour honorer les dieux,
Conserve encor la coupe où buvaient vos aïeux.
À vos vœux en effet tout ici-bas conspire ;
Mais ces présents du sort devraient-ils vous suffire ?
Et faut-il, fier Toscan, enflé d’un nom fameux,
Rehausser le sourcil d’un air si dédaigneux,
Parce que sur son char, le censeur, dans la rue,
À titre d’allié, s’arrête et vous salue ?
Au peuple ces dehors, ces harnais fastueux !
Je vous connais à fond. N’êtes-vous pas honteux
D’imiter d’un Natta la débauche effrénée ?
Lui du moins en aveugle il suit sa destinée :